Qu’est-ce que l’épilepsie photosensible?
La photosensibilité décrit une sensibilité aux lumières clignotantes ou scintillantes, habituellement de forte intensité, ayant un profil pulsatile régulier. Ce type de lumières incommode bien des gens, mais il peut déclencher des crises chez les personnes faisant de l’épilepsie photosensible. Chez la majorité de ces personnes, l’électroencéphalogramme (EEG) montre des décharges cérébrales épileptiformes à la suite de l’exposition à des lumières clignotantes.
Qui est à risque?
L’épilepsie photosensible est plus courante chez les enfants et survient habituellement chez les jeunes âgés de 8 à 20 ans, la fréquence la plus élevée se situant vers l’âge de 12 à 13 ans, ce qui évoque un lien avec l’apparition précoce de la puberté. Les filles sont plus souvent touchées que les garçons. Certaines données semblent indiquer que la photosensibilité peut disparaître avec l’âge.

On estime que l’épilepsie photosensible constitue moins de 5 p. cent des cas d’épilepsie. Par ailleurs, un nombre inconnu de personnes photosensibles n’ont jamais eu de crises. L’épilepsie photosensible est largement héréditaire, quoique son caractère génétique soit complexe.

Quels types de lumières clignotantes peuvent déclencher des crises?
Les lumières clignotantes et les motifs visuels ne provoquent pas tous une crise, même chez les personnes qui sont photosensibles. La fréquence des clignotements, la durée et l’intensité de la lumière sont parmi les facteurs précipitants. Une fréquence de 15 à 20 clignotements par seconde est plus susceptible de provoquer une crise; très peu de gens sont sensibles à la fréquence de 3 clignotements par seconde.

Les technologies électroniques récentes exposent un grand nombre de personnes à une vaste gamme d’instruments à lumières papillotantes ou à conditions lumineuses variables, ce qui peut causer des problèmes chez les personnes souffrant l’épilepsie. Les sources lumineuses naturelles, comme le scintillement du soleil à travers les arbres ou le reflet du soleil sur l’eau, sont d’autres facteurs déclenchants.

Pourquoi les lumières clignotantes peuvent-elles déclencher des crises chez certaines personnes?
Le mécanisme par lequel la stimulation lumineuse rythmique provoque des crises n’a pas encore été clairement élucidé. On croit que ce stimulus provoque une décharge électrique synchronisée par toutes les cellules nerveuses à la fois se trouvant dans les aires visuelles du cerveau. Selon le neurologue Jérôme Engel, « Plutôt que de produire une décharge électrique individuelle, comme les doigts jouant harmonieusement sur un piano, de nombreuses cellules nerveuses produisent une décharge électrique en même temps, comme le son d’accords dissonants ». Ceci ne survient que lorsque la lumière ou le motif clignotant est capté par la zone centrale de la vision et que les deux yeux le perçoivent.
Quels types de crises sont associés à l’épilepsie photosensible?
Les crises peuvent prendre diverses formes. Il apparaît le plus souvent des crises tonico-cloniques (grand mal), des crises d’absence, des crises myocloniques ou moins souvent, des crises partielles simples ou complexes.
Comment reconnaître une crise photosensible?
La personne a de brefs épisodes de fixité du regard durant lesquels elle semble momentanément atterrée. Il peut y avoir des épisodes de clignement ou de contorsion de la bouche ou du visage. Ces crises peuvent modifier la perception par les cinq sens de la personne en état de crise.
Quels autres types de motifs visuels peuvent déclencher une crise?
Hormis les lumières clignotantes, certains motifs de contraste spatial peuvent également provoquer des crises convulsives. En général, les bandes claires et foncées très contrastées sont épileptogènes (s’il y a entre une et quatre bandes noires et blanches pour chaque degré de vision de la personne). Le contraste clair/foncé est critique pour les personnes présentant une réponse cérébrale anormale, alors que les barres, les rayures et les motifs rouges/verts ne sont pas épileptogènes. Les bandes et les quadrillages qui oscillent (du blanc au noir et vice versa) sont plus épileptogènes que les motifs statiques, surtout s’ils oscillent à la fréquence « dangereuse » de 15-20 Hz.

Les motifs de type « jeu de fléchettes », sectoriel ou « roue tournoyante » stimulent au maximum le cortex visuel et sont donc plus susceptibles d’induire des crises, particulièrement lorsqu’ils occupent une proportion importante de l’image.

La télévision peut-elle déclencher une crise?
La télévision produit des papillotements lumineux et peut poser un risque pour les personnes souffrant d’épilepsie photosensible. Le principal facteur qui contribue aux crises est d’être situé près de l’écran. Plus l’écran est proche, plus celui-ci remplit le champ visuel et plus important est l’effet de la fréquence de papillotement de l’image. La fatigue peut aussi contribuer aux réactions photoconvulsives.

Le contenu visuel comme tel est un autre facteur associé à la réaction photosensible. Les vidéoclips et le matériel publicitaire techno utilisent les séquences de montage rapides et les motifs lumineux de fort contraste qui peuvent se révéler problématiques chez les personnes photosensibles. Les images ement détaillées générées par ordinateur peuvent également provoquer des crises.

Quelques mesures simples peuvent être prises pour minimiser les risques de crises en regardant la télévision. Il est recommandé de s’asseoir à plus de 3 mètres de l’écran et au même niveau et non plus bas que l’écran. Une petite lumière tamisée posée sur le téléviseur peut aider à neutraliser la luminance de l’écran. La personne devrait également se couvrir un œil lorsqu’elle dirige vers le téléviseur pour réduire les effets, puisque les images doivent être perçues par les deux yeux pour le déclenchement des crises.

La danse et les discothèques peuvent-elles provoquer une crise?
Les lumières stroboscopiques ou clignotantes que l’on voit parfois dans les boîtes de nuit peuvent occasionner des crises convulsives chez les personnes photosensibles. Il faut noter que la chaleur excessive ou le bruit qui se trouve dans les discothèques peuvent aussi provoquer des crises chez les personnes épileptiques qui ne sont pas photosensibles.
Les jeux vidéo peuvent-ils provoquer l’épilepsie?
Selon l’expertise médicale actuelle, les jeux vidéo ne peuvent pas développer la tendance aux crises convulsives chez une personne qui n’est pas préalablement prédisposée. Cependant, les jeux comportant des motifs à lumières clignotantes ou des images répétitives peuvent produire des crises chez les personnes photosensibles. De nos jours, les fabricants des jeux vidéo mettent souvent une mise en garde à cet effet sur leurs produits.
Les écrans d’ordinateur peuvent-ils déclencher des crises?
Des crises peuvent être occasionnées chez les personnes épileptiques qui sont sensibles au papillotement de la lumière de l’écran d’ordinateur, quoique la fréquence des papillotements ne soit pas considérée comme étant très épileptogène. Les écrans antireflet sont facilement accessibles et peuvent réduire cet effet pour certaines personnes.
La lumière naturelle peut-elle déclencher une crise?
Les sources de lumière naturelle sont tout aussi susceptibles de provoquer des crises chez les sujets photosensibles que les sources de lumière artificielle. Par exemple, le reflet du soleil sur l’eau ou à travers les feuilles des arbres, ou encore le passage le long de grilles peut occasionner des crises. Une bonne paire de lunettes polarisées (de préférence avec des visières) peut aider à minimiser les effets des sources lumineuses clignotantes autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Comment peut-on prévenir les crises photosensibles?
Si vous souffrez d’épilepsie photosensible, voici quelques conseils faciles à suivre pour réduire les risques:

  • S’asseoir à au moins 2,5 m de l’écran de télévision et 30 cm de la console d’ordinateur.
  • Ne pas augmenter le contraste et la luminance de l’écran. Utiliser un moniteur de e qualité, avec une fréquence de rafraîchissement d’au moins 60 Hz (qualité VGA ou supérieure).
  • Bien éclairer la pièce pour neutraliser la luminance de l’écran. Éliminer le reflet de la lumière ambiante sur l’écran. Minimiser l’exposition aux lumières fluorescentes.
  • Cacher un œil avec la main ou porter un couvre-œil en se déplaçant vers le téléviseur, car les deux yeux doivent percevoir les images pour provoquer des crises photosensibles.
  • Porter une bonne paire de lunettes polarisées bleues (de préférence avec des visières) ou des lentilles teintées lors de l’exposition à des lumières clignotantes à l’intérieur et à l’extérieur.
  • Pour éviter les surprises, s’informer de la présence de lumières stroboscopiques ou de stimuli provocateurs lorsque l’on prévoit assister à un film, à un spectacle ou à un autre type d’activité.
  • Le valproate sodique (acide valproïque) est le médicament de choix pour prévenir les crises photosensibles.
  • Si quelque chose à la télévision ou ailleurs provoque une crise photosensible, il convient d’informer la station de télévision ou la compagnie responsable et/ou l’Alliance canadienne de l’épilepsie.

Pour obtenir de plus amples informations, communiquez avec un membre de l’Alliance canadienne de l’épilepsie au 1-866-EPILEPSIE.