À Propos de L’épilepsie > Vivant Avec L’épilepsie > La Sexualité et L’épilepsie
Nous avons soumis vos questions sur la sexualité et l’épilepsie à un expert en sexualité, le Dr Stephen Holzapfel, directeur médical de la Sexual Medicine Counselling Unit au Women’s College Hospital, et professeur adjoint à la faculté de médecine familiale et communautaire de l’Université de Toronto. C’étaient leurs réponses.
Qu’entend-on par ma « sexualité »?
La sexualité est une importante composante de notre vie. Nous sommes définis comme des êtres sexués dès notre naissance, alors que nos parents demandent « Est-ce un garçon ou une fille? ». L’activité sexuelle revêt plusieurs significations; elle constitue notamment un relâchement de la tension physique, une expression d’intimité émotionnelle pour un couple, et parfois l’occasion de faire un enfant. La façon dont nous exprimons notre sexualité est unique à chacun de nous et dépend de nombreux facteurs, y compris le sexe, l’âge, l’orientation sexuelle, les antécédents culturels, les expériences de vie et les facteurs médicaux.
L’épilepsie influe-t-elle sur la vie sexuelle?
L’épilepsie peut influer sur la vie sexuelle et vice versa. Un grand nombre de gens dont l’épilepsie est bien maîtrisée ont une vie sexuelle confortable et satisfaisante. Un partenaire attentif qui procure un sentiment d’intimité, autant émotionnel que sexuel, est peut-être un des atouts les plus précieux pour aider les personnes épileptiques à se sentir bien dans leur peau, ce qui améliore du coup la maîtrise de leur épilepsie. L’anxiété et le stress sont des facteurs déclencheurs reconnus des crises épileptiques. Or les relations sexuelles peuvent soulager le stress et favoriser la relaxation, diminuant ainsi la fréquence des crises.
Les personnes vivant avec l’épilepsie éprouvent souvent des problèmes sexuels, lesquels peuvent être dus à l’épilepsie comme telle, aux anticonvulsivants ou aux réactions du partenaire et des autres face au diagnostic d’épilepsie.
L’épilepsie peut-elle diminuer mon désir sexuel?
Un des effets sexuels les plus fréquents de l’épilepsie est la diminution ou la perte de la libido (désir sexuel). Les effets varient en fonction du type d’épilepsie. Bien que la diminution de la libido s’observe chez la moitié environ des hommes épileptiques, elle est plus importante chez ceux qui souffrent d’épilepsie du lobe temporal (63 %), comparativement à ceux atteints d’épilepsie tonico-clonique, ou grand mal (12 %). La dysfonction érectile est également un problème courant chez les hommes épileptiques. On dispose de moins de données scientifiques concernant les effets de l’épilepsie sur la sexualité des femmes, mais des modifications de la libido semblent également se produire chez les femmes.
Les problèmes sexuels sont plus fréquents chez les personnes dont l’épilepsie s’est déclarée à l’adolescence. Bien que ces problèmes puissent être dus à un trouble épileptique plus grave, on croit peut-être que ces adolescents auraient connu de plus grandes difficultés avec les rencontres amoureuses que leurs amis ne souffrant pas d’épilepsie. L’épilepsie peut influer sur la confiance en soi, l’image corporelle et l’humeur, lesquelles sont importantes dans les relations interpersonnelles.
Quels sont les effets des anticonvulsivants sur la sexualité?
Les médicaments utilisés pour traiter l’épilepsie (tels que la diphénylhydantoïne, le phénobarbital, la carbamazépine, l’acide valproïque, etc.) ont couramment des effets secondaires qui diminuent la réceptivité sexuelle, le désir, l’excitation (troubles érectiles chez les hommes et troubles de lubrification chez les femmes), et qui provoquent des troubles orgasmiques. Ces médicaments peuvent souvent engendrer de la fatigue, laquelle peut interférer avec les sorties en soirée. Certains médicaments, tels que Dilantin, peuvent occasionner des changements sur le plan physique comme un épaississement des gencives, ce qui est un aspect cosmétique indésirable. Il peut être difficile de trouver un juste milieu entre la maîtrise des crises et la réduction des effets secondaires. Cesser la prise des médicaments en raison des effets secondaires incommodants peut sembler une bonne solution à court terme, mais cela n’aide pas à diminuer la fréquence des crises et peut même se révéler dangereux.
À qui puis-je parler de la sexualité et de l’épilepsie?
Il peut être embarrassant de discuter des effets secondaires sexuels, mais la plupart des médecins abordent la situation de façon appropriée. Au fur et à mesure que de nouveaux médicaments apparaissent sur le marché pour traiter l’épilepsie, ainsi que d’autres maladies, la qualité de vie devient un sujet important dans le choix du traitement médicamenteux. Si vous avez des préoccupations d’ordre sexuel et que votre médecin ne soulève pas la question, faites-le vous-même pour attirer son attention sur cet aspect.
À quel moment devrais-je révéler à un nouveau partenaire que je suis épileptique?
Par crainte de l’inconnu, les partenaires potentiels évitent souvent les personnes atteintes d’épilepsie. Il arrive aussi que les épileptiques cachent leur affection à un nouveau partenaire. Certes, il convient d’apprendre à connaître un peu quelqu’un avant de lui révéler des renseignements personnels, mais cela peut parfois accroître l’anxiété. En effet, les partenaires peuvent envisager l’épilepsie avec appréhension en raison des mythes et des réalités associés à l’épilepsie.
Les relations sexuelles peuvent-elles déclencher des crises?
Il est rare que les relations sexuelles déclenchent des crises, quoique cela puisse arriver à l’occasion. Un partenaire sexuel doit apprendre comme réagir dans un contexte général lorsqu’une crise survient; les crises qui se produisent en faisant l’amour ne diffèrent pas de celles qui surviennent sur le terrain de tennis!
Que puis-je faire si j’éprouve des problèmes avec ma sexualité?
La chose la plus importante dans les rapports sexuels, c’est de parler. Le défi le plus grand est probablement d’être en mesure d’expliquer ce qu’est l’épilepsie et de faire connaître ses besoins sexuels, autant ceux des patients épileptiques que ceux de leurs partenaires. En exprimant vos inquiétudes d’ordre sexuel à vos médecins (médecins de famille, neurologues, etc.), ces derniers pourront ajuster le traitement médicamenteux ou essayer d’autres traitements, en vous orientant par exemple vers une thérapie individuelle ou de couple, ou vers un thérapeute sexuel ou une psychothérapie. À tout le moins, vos préoccupations seront validées.
Une meilleure communication des besoins et des préoccupations sur le plan sexuel aide à surmonter la culpabilité que peuvent ressentir les partenaires lorsqu’ils évitent de parler de leurs problèmes de peur de susciter de la douleur, de la colère ou du rejet. Être capable de discuter franchement des difficultés sexuelles peut déboucher sur des solutions. Par exemple, il existe des traitements contre la dysfonction érectile et des lubrifiants pour la sécheresse vaginale. Les conflits dus aux troubles sexuels peuvent accroître le stress, réduire la maîtrise des crises et provoquer de la douleur émotionnelle. Faire l’amour avec un partenaire requiert une intimité émotionnelle, laquelle peut être favorisée par le partage des inquiétudes entre les deux partenaires et par leur affection mutuelle. L’amour peut se révéler être la meilleure médecine pour un couple vivant avec l’épilepsie.